Nous
quittons Miranda tôt le matin afin d'échapper aux grandes chaleurs
avec comme objectif d'être pas trop tard à Corumba pour passer la
frontière.
Nous
retraversons le Pantanal une fois de plus, avec ces marécages qui
pullulent et ces énormes fleuves à traverser. Nous avons la chance
de voir très vite et souvent de loin, encore de nombreux animaux en
passant, dont certains que nous n'avions pas encore observés :
cerf des marais et tamanoir (« tapis noir » dixit
Blanche). En se rapprochant de la frontière, le terrain devient
cependant un peu plus vallonné ; l'ambiance est tropicale et
nous prenons sur la tête quelques gros orages.
Puis
l'« horreur » commence. Nous arrivons à la frontière
côté brésilien. Et bien, nos « amis » douaniers
brésiliens supplantent au la main l'inorganisation des douaniers
chiliens et argentins réunis... Nous avons dû arriver en 40ème
position dans la queue, bien évidemment en plein soleil, sous une
température de four, à 11h30... et bien, nous passons à 15h30...
40 personnes en 4, belle performance !!!
En
Bolivie, c'est plus rapide, même si le passage de la douane reste
très folklorique. Aurore doit courir faire des photocopies de
documents que l'on vient juste de nous remettre à la douane (1
document par page, en A4). Nous sommes au milieu des conducteurs
boliviens, brésiliens,..., qui sont eux aussi confrontés aux affres
de la rigueur de l'administration douanière bolivienne (interdiction
d’agrafer les documents, obligation d'avoir et l'original et la
copie, 1 document par page et en A4... photocopié sur une xerox,
c'est marqué...). On ressent une certaine solidarité entre
chauffeurs, c'est bon enfant, et nous dégoulinons tous en plein
cagnard.
La
douane est dans une impasse, et comme le douanier veut vérifier sur
chacun de nos véhicules notre numéro de chassis, juste devant le
bureau, cela devient vite le bazar.
Cette
étape enfin passée (ouf, pour nous, le numéro était sur le
pare-brise et non sous les sièges pour d'autres), il faut enfin
entrer dans le bureau dans lequel s'entassent des télévisions, des
enceintes, et autres choses récupérées par les douanes. Je dois y
entrer seul car je suis en première position sur la carte grise.
Mais rapidement, devant le niveau de mon espagnol légèrement
supérieur à celui de leur français, ils autorisent, à titre
exceptionnelle, Aurore à rentrer... ça les perturbe que le
camping-car soit à nos 2 noms...
Vers
16h30, nous quittons enfin la frontière et au bout de 50 m, l'orage
craque enfin et déverse des trombes d'eau, sans malheureusement que
cela fasse baisser la température.
Après
plusieurs contrôles de police, péages, et de nombreux kilomètres,
nous nous posons dans une station-service à Roboré, à près de 200
km de la frontière, après avoir roulé de nuit sur la fin.
A
6h le lendemain matin, nous faisons la queue à la station-service.
Nous avons droit au tarif « étranger » (environ 9
bolivianos/l, soit 1,2 €, contre 3,7 bolivianos pour les locaux!).
3 militaires sont présents dans la station pour veiller que le bon
tarif soit bien appliqué, sachant qu'il faut décliner son pédigré
de fond en comble pour avoir droit à un peu d'essence (jusqu'à son
numéro de passeport...). Mais ils ne prennent pas la carte de
paiement et nous avons quasi rien comme bolivianos (juste le change
du restant de reals brésiliens). Nous laissons un passeport comme
garantie et partons dans cette « charmante » ville de
garnison qu'est Roboré à la recherche d'une banque et d'un
distributeur de billets. Heureusement, et contre toute attente, cela
se passe vite et bien et nous pouvons filer en direction de l'Ouest.
Nous
nous arrêtons dans le village de Chochis, pour aller visiter un
sanctuaire construit juste au-dessus, en l'honneur des habitants de
ce village décédés lors d'une inondation exceptionnelle en 1979.
Au
pied d'une montagne toute rouge, un joli sanctuaire a été construit
et de nombreuses sculptures racontent l'histoire, rendent hommage aux
victimes et agrémentent le lieu qui est très agréable. Nous avons
dû laisser le camping-car au milieu de la route en pavée pour finir
à pied le dernier km.
Puis
nous reprenons la route en direction de San Jose de Chiquitos, qui
abrite une des Missions jésuites les mieux conservées. Celle-ci se
situe sur une jolie place pleine de vie au milieu de la ville.
Nous
tournons dans San Jose de Chiquitos, achetons quelques empanadas pour
la route, faisons attention aux nuées de motos qui nous tournent
autour, et découvrons des premiers mormons ? Ce secteur abrite
une importante population de ménonnites (près de 70 000 en Bolivie,
ce qui en fait la plus importante population d'Amérique du Sud). Sur
la route, au gré des noms de domaine, nous voyons transparaître
pour beaucoup leur origine allemande ou hollandaise.
Nous
reprenons la route finalement en direction de Santa Cruz de la
Sierra, puis de Samaipata (nous avons hésité à aller plus au Nord,
visiter 2 autres Missions Jésuites à San Javier et à Conception,
mais la crainte de la qualité de la route, la lassitude des
moustiques et de la chaleur, nous ont fait choisir l'autre option).
Plus nous nous en approchons, plus les cultures deviennent
importantes, avant que ce ne soit la ville tentaculaire qui
l'emporte. Il nous faudra plus de 1h30 pour traverser la ville avec
toujours des voitures sur 3 files, passant de l'une à l'autre en
klaxonnant, sans clignotant et doublant préférentiellement par la
droite.
Nous
essayons d'acheter de l'essence, mais dans la première, on ne sert
pas les étrangers... Bel accueil... Nous en trouvons cependant un
peu plus loin et attaquons ensuite la route en direction de
Samaipata, dont la traduction du quechua veut dire « repos dans
les hautes terres ».
Après
plus d'1 heure encore de traversée de villages formant la
« banlieue » de Santa Cruz de la Sierra, nous attaquons
la montée. On nous avait dit « la carretera, mucha bueno, todo
asfaltado »... j'avais dû mal comprendre, c'est un
enchaînement de morceaux en asphalte bourrés de trous, avec des
morceaux en terre. Nous progressons lentement d'autant plus que la
nuit est tombée. On se cale derrière un camion et on monte
tranquillement, même si le camion nous incite plusieurs fois à li
passer devant, en vain.
A
20h, soit quasiment 1h30après la tombée de la nuit, on arrive
devant le camping visé : la porte est fermée à clé. Des
campeurs à l'intérieur nous indiquent la maison de la propriétaire.
Nous allons frapper à la porte, sa voiture est devant, mais rien...
Aurore va discuter avec le voisin qui finalement nous accueille juste
devant chez lui sur un terrain plus ou moins plat, dans un virage en
épingle à cheveux de la route de moyenne montagne que nous avons
empruntée. Nous dormirons donc au doux bruit des freins de camions
qui passent toute la nuit, mais il n'y a pas de moustiques et la
chaleur est tombée... nous sommes à 1600 m d'altitude.
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